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Bergson: Conscience et automatisme

Publié le 21/07/2010

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Introduction

Ce texte de Bergson, philosophe français de la fin du 19è et du début du 20e siècle traite de la conscience et montre que l'intensité de la conscience varie en fonction de nos actions.

En effet la conscience, qui conduit à la conception d'un sujet à part entière, capable de réfléchir, de penser sur lui-même et sur le monde, se manifeste-t-elle toujours de la même manière ? Si la conscience est toujours présupposée dans toute pensée et dans toute action, nous n'avons pas toujours conscience que nous pensons, que nous agissons, de telle sorte que les prises de conscience réelles sont rares. Ne sommes-nous pas conduits à concevoir plusieurs types de conscience ou en tout cas plusieurs de ses modalités ? C'est à ces questions que l'auteur répond dans ce texte. D'une manière plus générale, la conception bergsonienne de la conscience permettra de nous demander s'il n'y a pas un lien essentiel entre la conscience qui décide de l'avenir et la liberté voire la force d'une personnalité. Nous verrons que ce texte révèle la philosophie de Bergson en général, notamment sa conception de l'individu et de la durée. Trois parties se dégagent de ce texte : la première, qui va du début jusqu'à «la conscience que nous en avons diminue et disparaît« (1. 5), démontre la disparition de la conscience dans les actions automatiques. La deuxième, qui se termine par «notre avenir sera ce que nous l'aurons fait ? « (1. 7) indique à l'inverse que l'intensité de notre conscience est à son apogée lorsque nous devons choisir, décider de notre avenir. La dernière partie conclut sur les variations d'intensité de la conscience.

"Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée pour devenir automatique? La conscience s’en reitre. Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu’il vient de nous, parce qu’il résulte d’une décision et implique un choix; puis à mesure que ces mouvements s’enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns des autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quel sont d’autre part les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs parties à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait? Les variations d’intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite. Tout porte à croire qu’il en est ainsi de la conscience en général." BERGSON

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« dernière cesserait d'être mécanique, elle donnerait lieu à une hésitation, donc à une diminution d'efficacité et derapidité.

Mais, dès qu'un problème surgit, la conscience reprend toute son activité, afin de trouver la solution (parexemple, si la voiture tombe en panne, ou s'il s'agit de doubler une autre voiture dans Un endroit difficile). Deuxième partie Après avoir évoqué l'éventuelle disparition de la conscience, Bergson envisage le cas inverse (signalé par le terme"d'autre part"), c'est-à-dire «les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ».

La vivacité s'opposeimmédiatement à la disparition : d'un côté la conscience meurt, de l'autre elle vit.

Les questions évoquées ici nousmettent directement en présence d'un exemple : ce qu'il nomme " une crise intérieure" : une crise n'est pas unsimple problème passager et parfois sans importance qui surgit lors d'une action habituelle, mais une situation deconflit qui introduit un déséquilibre, une rupture par rapport au fonctionnement normal des choses.

Sans unerésolution, la crise ne cesse de s'aggraver.

Une crise intérieure concerne le sujet au plus profond de lui-même, il estquestion ici de sa personnalité dans sa totalité.

Il s'agit donc bien de ces moments «où nous hésitons entre deuxplusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l'aurons fait ».

La conscience est iciparticulièrement intense par son pouvoir de réflexion (sur nous-mêmes, sur notre vie), de choix et de décision : lechoix ne concerne pas telle ou telle chose, mais nous-mêmes, ou notre vie à venir.

Tandis que l'action automatiquedonne lieu à une éternelle répétition, le passé s'intégrant immédiatement dans l'action présente (habitude ouacquisition), ici le choix est tourné vers l'avenir et se rapporte à quelque chose d'indéterminé, de nouveau.

Laconscience doit anticiper librement sur l'avenir.

sans avoir de données préalables, sans pouvoir se rapporter àquelque chose de déjà déterminé.

Elle est la source entière de notre vie à venir, elle doit évaluer elle--même le pouret le contre, les conséquences de l'action.

L'homme, par la conscience, est donc libre, responsable de sa vie, tandisque l'action automatique est déjà programmée à l'avance, donc déterminée. Troisième partie Après avoir envisagé des situations particulières extrêmes, Bergson conclut sur les "variations d'intensité" de laconscience.

Ce qui varie, ce n'est pas la conscience elle-même en tant que faculté mais son degré d'activité oud'intensité.

L'intensité introduit une idée en plus par rapport à la vivacité : en effet, elle indique la concentration, lafusion de plusieurs éléments en une seule chose.

Tandis que la conscience se dilate en quelque sorte dans l'actionautomatique en se divisant en actions successives qui s'enchaînent, elle se concentre en elle-même dans lesmoments de crise intérieure, toute la personnalité, la vie du sujet sont ici en jeu.

Or, les variations d'intensité sontfonction de la «somme plus ou moins considérable de choix, ou, si vous voulez, de création, que nous distribuonssous notre conduite ».

L'idée de somme introduit la grandeur, la mesure quantitative alors même que l'intensitéévoque quelque chose de qualitatif.

En effet, ce qui importe dans les moments de crise intérieure, c'est moins lenombre de choix que l'importance, le poids que l'on accorde au choix.

Autrement dit, la somme est ici qualitative,c'est-à-dire ressentie par le sujet, elle n'est pas mesurable.

Il peut y avoir des sauts brusques entre l'actionhabituelle et les situations de crise intérieure.

Le rapport entre les deux est donc d'ordre qualitatif : dans un cas, onest déterminé, dans l'autre on est tout entier soi-même.

Il peut de la même façon exister des situationsintermédiaires : par exemple, lorsqu'il s'agit de choisir un sujet parmi deux sujets de dissertation : le choix est à lafois libre (je suis responsable de ma décision) et déterminé (par le nombre de connaissances que je possède sur cesujet).Bergson identifie le choix à une création : cette dernière signifie que le choix ne se fait pas en fonction depossibilités déjà établies.

Il y a une différence entre l'auteur (ici, le sujet qui guide, coordonne les opérations) et lecréateur (il invente une situation, un avenir, à partir de lui-même : par exemple, selon la Genèse, Dieu créa le ciel etla terre à partir de rien).

On peut penser que l'avenir ne peut être radicalement neuf, il est lié au passé, à lasituation.

Mais ce qu'indique Bergson, c'est avant tout que l'avenir n'est pas déjà déterminé, mais à faire, àconstruire.Bergson finit en élaborant une véritable conclusion à sa thèse «tout porte à croire qu'il en est ainsi de laconscience en général » : les variations d'intensité de la conscience ne sont pas contingentes, elles ne serapportent pas à certaines situations particulières mais elles qualifient la nature même de la conscience : ,laconscience ne varie pas parfois, mais toujours.

et cette variation ne se rapporte pas à un individu.

mais à tous.Siles exemples donnés par Bergson sont extrêmes, ils révèlent l'essence de la conscience. Commentaire ou critique du texte La conception bergsonienne de la conscience prolonge l'analyse du cogito cartésien : en effet, Descartes a montréque la conscience donnait naissance à un sujet capable de réfléchir sur lui-même et sur le monde (possibilité de sedémarquer du monde et de se poser comme sujet distinct du reste des choses).

Ainsi, par la conscience, le sujetest à l'origine de la connaissance (cf.

Kant, «le je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations »,Critique de la raison pure) et de l'action (notamment avec la conscience morale, qui fixe les règles de notrecond1ùte en fonction des critères du bien et du mal)D'autre part, Descartes identifie la conscience avec l'acte depenser, ce que Bergson montre ici : penser, c'est pouvoir sortir de la situation présente, des impératifs de l'actionpour déterminer le déroulement de l'action.

En ce sens la pensée qualifie l'essence de l'hOl1une, par opposition àl'animal.

Ce dernier est en effet enchaîné à la nature et au présent il est en partie incapable de construire l'actionen envisageant de multiples possibilités.

L'apprentissage est fondé sur l'instinct ou sur un conditionnement, non surla conscience.

Bergson a effet démontré que le passage de l'action spontanée à l'action automatique marque l'arrêtde toute pensée (l'homme ressemble à un automate, à une machine programmée à l'avance), même s'il ne peut êtreune machine du fait de la présence de la conscience en lui, mais qui peut être potentielle ou irréfléchie.

Cependant.Descartes fait du moi une substance pensante.

qui possède une identité, une' personnalité parfaitement définie etconnaissable («l'âme est plus aisée à connaître que le corps », Discours de la méthode).

OL l'idée d'une variation. »

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