Devoir de Philosophie

BERGSON: conscience animale et conscience humaine

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

bergson
Radicale aussi, par conséquent, est la différence entre la conscience de l'animal, même le plus intelligent, et la conscience humaine. Car la conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l'être vivant dispose ; elle est coextensive à la frange d'action possible qui entoure l'action réelle : conscience est synonyme d'invention et de liberté. Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine. Enfermé dans les habitudes de l'espèce, il arrive sans doute à les élargir par son initiative individuelle ; mais il n'échappe à l'automatisme que pour un instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu'à l'allonger. Avec l'homme, la conscience brise la chaîne.BERGSON

• Petite difficulté initiale : Bergson évoque la conscience de l'animal, ce qui est inhabituel. Bien cerner sa définition, ici de la conscience, avant de contester brutalement sa possibilité chez l'animal. • Texte qui propose une opposition simple entre conscience animale et conscience de l'homme. Le problème est de parvenir à l'enrichir sans rameuter tout ce que l'on peut savoir des théories habituelles de l'auteur sur l'animal et l'homme. • Quelle est réellement la différence « radicale « entre les deux consciences, annoncée à la première ligne, mais peut-être peu explicitée ensuite ?

Introduction

  • I. - La conscience est puissance de choix
  • II. - Animalité et espèce
  • III. - Conscience et liberté

Conclusion

bergson

« Explication : - PREMIER MOUVEMENT : · Pour Bergson, la vie est conscience.

Il y a conscience partout où il y a exigence de création et conscience endormie partout où la création n'est plus possible du fait de l'automatisme.

On ne doitpas opposer le cerveau et la conscience comme le fait tout dualisme.

La conscience n'est niindépendante du cerveau, ni une émanation du cerveau.

Bergson voit dans la constitution du systèmeneveux et dans le développement d'un centre cortical complexe des possibilités de choix pour l'actionet la conscience ne fait qu'exprimer l'intensité de ce choix : « En réalité, la conscience ne jaillit pasdu cerveau : mais cerveau et conscience se correspondent parce qu'ils mesurent également, l'un parla complexité de sa structure et par l'autre l'intensité de son réveil, la quantité de choix dont l'être vivant dispose » [extrait p.

263].

En vérité, c'est même plutôt le cerveau qui est l'instrument parlequel la conscience pénètre le monde.

Le cerveau témoigne de l'effort fait par la vie pour créer deszones d'indétermination et laisser passer le flux de conscience.

La différence radicale du cerveauhumain relativement à tout autre animal est de faire passer le choix du limité à l'illimité.

Ce n'est passimplement là une différence de degré mais une différence de nature, celle qu'il y a entre « le ferméet l'ouvert ». · De même la différence est radicale entre la conscience animale et la conscience humaine.

Il est remarquable de voir que Bergson parle de conscience animale en cela, et en cela seulement, que,pour lui, la vie est conscience.

Cette théorie de la vie comme conscience est à rattacher absolumentà sa conception de la vie comme durée pure.

Pourtant, entre la conscience animale et la consciencehumaine existe une différence, non pas simplement de degré, mais de nature.

C'est en effet ce quesignifie le terme de « radicale ».

C'est dans cette perspective la différence de conscience entre leplus intelligent des animaux, ou au contraire, pourrait-on ajouter, le plus bête des hommes, est toutde même incommensurable : il n'y a pas de degré, mais une différence de nature qui rend toutecomparaison illégitime. · Or, il faut, à notre auteur, justifie une telle thèse : ce que Bergson effectue en définissant aussitôt la conscience comme cette puissance de choix dont le vivant dispose.

C'est en ce sens quela « conscience est synonyme d'invention et de liberté ».

La conscience est donc la condition depossibilité, et même le principe par lequel tout vivant possède, de manière intrinsèque, une possibilitéd'action, d'invention, et a fortiori, de liberté. · Car, Bergson est avant tout un spiritualiste qui tend à rattacher la vie à la durée pure et donc à concilier d'un côté la pure continuité (première propriété de la durée bergsonienne) et de l'autre lanouveauté, ou création, c'est-à-dire la liberté (création comme seconde propriété de la durée pure).La durée est donc tout à la fois continue et créatrice, ce qui peut sembler paradoxal ; mais en réalité,la durée, dans laquelle s'inscrit toute conscience, est création du point de vue de la vie, et continuedu point de vue de la matière.

Il n'y donc pas contradiction, mais conciliation dialectique.

Laconscience contient donc un grand nombre de possibilités en puissance, et c'est à partir de cenombre indéfini que se lève l'action effective, réelle, ou encore pour le dire autrement en acte. · Or, une fois exposée cette définition de la conscience, il reste à Bergson, pour finir sa démonstration, à déployer les exemples concrets et à se faire précis en ce qui concerne la puissanced'action de l'animal et celle de l'homme. - DEUXIEME MOUVEMENT : · En réalité, Bergson va montrer cette différence de nature entre les deux consciences (comme il l'a fait précédemment pour le cerveau) en expliquant que jamais la conscience animale ne sort de laroutine que pour en créer une nouvelle qui l'enferme en elle-même, dans les limites de l'espèce.

Enl'homme et en l'homme seul souligne Bergson, « la conscience brise la chaîne ». · Car en réalité la puissance de la conscience animale ne lui permet jamais que la variation, alors que celle de l'homme lui autorise la création.

L'animal est donc toujours enchaîné à la nature et à lamatière du fait même que la puissance de sa conscience est limitée.

A l'inverse, la consciencehumaine dont la puissance est illimitée lui permet de briser la chaîne continue de la matière et decréer du neuf du côté de la vie.

En cela on comprend que la différence de nature qui existe entre laconscience humaine et la conscience animale recouvre aussi, en quelque manière, celle qui existeentre le cerveau animal et le cerveau humain. · Ce que montre la conscience humaine n'est pas dissociable de la complexité du cerveau, du langage et de la vie sociale propre à l'homme.

Ce sont les trois signes d'une même « supérioritéinterne », d'un succès prodigieux de la vie, d'une différence de nature entre l'homme et le reste del'animalité.

Si l'homme peut être nommé le but de l'évolution, ce n'est pas parce que l'évolution suit. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles