Beaux-Arts: le surréalisme

Le mouvement littéraire et artistique du surréalisme est né au lendemain de la première guerre mondiale : il ambitionnait de remettre en cause les valeurs fondamentales ébranlées par le conflit. D'une certaine manière, il s'inscrit dans la lignée du cubisme et du futurisme nés avant 1914, tout en recouvrant et en dépassant le dadaïsme, apparu lui aussi après 1915. En tout cas, à l'origine du mouvement on trouve de jeunes intellectuels : Apollinaire, Philippe Soupault, Eluard, Aragon, Crevel, Desnos, Péret, Ernst et surtout André Breton, l'auteur du fameux Manifeste du surréalisme (1924) qui constitue, en quelque sorte, la charte du mouvement. Le surréalisme se présente ainsi comme une tentative pour se libérer d'une civilisation occidentale oppressive. L'homme doit se délivrer de la tyrannie de la raison, des idéologies et du christianisme masochiste. Des déclarations fracassantes, des tracts, des slogans consacrent cette rupture avec le monde établi. La mort d'Anatole France est l'occasion d'un violent pamphlet : Un cadavre. «Avec la mort d'Anatole France, c'est un peu de la servilité humaine qui s'en va ; que ce soit la fête le jour où l'on enterre la ruse, le traditionalisme, le patriotisme, l'opportunisme, le scepticisme et le manque de coeur !» Certains, comme Aragon, subissent la séduction du marxisme, du communisme. Mais le surréalisme refuse de tomber de la servitude de la bourgeoisie dans celle du prolétariat.