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BACHELARD et le déterminisme

Publié le 27/02/2008

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bachelard
Tout déterminisme est partiel, particulier, régional. Il est saisi à un point de vue spécial, dans un ordre de grandeur désigné, dans des limites explicitement ou tacitement fixées. Inversement tout ce que nous étudions avec un soin scientifique est déterminé, est affecté d'un déterminisme déterminé. (...) Mais quand on a ainsi compris que la pensée scientifique pose le déterminisme dans toutes les régions de ses études, il ne s'ensuit pas que, selon la formule philosophique, tout soit déterminé. Cette formule philosophique ne peut avoir aucun sens pour un technicien, puisque précisément le rôle du technicien sera de s'installer dans une région du déterminisme en s'efforçant de retrancher tout ce qui viendrait troubler le déterminisme spécial de sa technique. Il écartera les parasites, dominera les perturbations, éliminera les impuretés ; il visera le régime, la marche régulière, l'accord de plus en plus poussé de l'instrument et de la loi scientifique. Il réalisera son oeuvre de mieux en mieux en résorbant la buée de déterminisme illimité qui entoure la structure du déterminisme bien défini qui est le but de sa technique. S'il croyait que tout est dans tout, que tout agit sur tout, il se priverait de sa conscience d'appareil, il perdrait la base même de ses certitudes techniques.BACHELARD

Objet du texte

 

            Il s’agit pour Bachelard de s’attaquer à la pensée déterministe qui conduit, dans la pratique à un fatalisme. Il s’agit donc pour l’auteur de démontrer que si la technique et plus largement les sciences présuppose un déterminisme (ne serait-ce que méthodologique), il ne s’ensuit pas que tout dans le nature, et de manière absolument, soit entièrement déterminé.

 

Mouvements de texte

 

On peut décomposer le texte en trois mouvements principaux :

-         1er mouvement : Il s’étend du début du texte jusqu’à « d’un déterminisme déterminé «. Bachelard commence ici par définir le concept clé de déterminisme, définition qui lui servira pour poser son raisonnement dans la suite du texte.

-         2e mouvement : Il s’étend de « mais quand on a ainsi compris « jusqu’à « déterminisme spécial de sa technique «. Il s’agit de montrer que si la science pose un déterminisme, puisqu’elle semble à la fois portée sur le nécessaire et être connaissance des liens eux-mêmes nécessaires entre les phénomènes de la nature, cela ne veut pour autant pas dire que tout soit, dans la pratique, entièrement déterminé (ce qui pourrait conduire à une doctrine fataliste).

-         3e mouvement : Il s’étend de « il écartera les parasites « jusqu’à la fin du texte. Bachelard explique la notion de déterminisme technique, c’est-à-dire qu’il tend à montrer comment le technicien opère sur le réel et ce que cela veut dire, pour un technicien, que le déterminisme. Loin justement d’engendrer un déterminisme absolu, la technique vient l’éclairer : si tout était déterminer, le technicien ne pourrait pas agir.

 

bachelard

« particulier. · Est déterminé ce qu'on voit seulement d'un angle.

On ne saurait en effet affirmer de manière absolue et universelle que tout est nécessaire.

Ainsi, ce qui du point de vue de la science (parcequ'elle est connaissance de la nécessité) est déterminé, ne l'est pas du point de vue de l'actionhumaine. · Le déterminisme, dans son sens partiel, est un postulat méthodologique de la science à notre échelle, lorsqu'elle isole un groupe de phénomènes pour en débrouiller les lois.

Au déterminismetoujours partiel et toujours progressant visant à épuiser la diversité des phénomènes sans jamaisaffirmer une entreprise achevée, correspondent étroitement l'usage et la portée de la loi scientifique,sur lesquels il n'y a pas de débats.

Mais l'affirmation totalitaire du déterminisme universel, comme prisede position sur le tout, sort du cadre de la méthode scientifique : elle est étrangère à la science etelle lui est inutile.

C'est proprement une hypothèse métaphysique.

Elle n'a tiré son crédit que d'uneconfusion entre le déterminisme méthode, et le déterminisme dogmatique. · C'est donc la science qui affecte la nature, ou en tout cas ce qu'elle étudie « d'un déterminisme déterminé ».

ce qu'il faut comprendre justement, c'est que le déterminisme que toute activitéscientifique, en tant qu'elle ne connaît que le nécessaire (c'est-à-dire ce qui est déterminé), se doitpour se développer de poser un déterminisme de principe, ou en tout cas de méthode.

Il s'agit doncpour la science de présupposer le déterminisme, sans quoi elle ne pourrait avoir aucune prise sur leréel et a fortiori elle ne pourrait nous faire connaître quoi que ce soit. - 2e MOUVEMENT · Le problème, justement, que pourrait poser le postulat essentiel à la science, à savoir le déterminisme déterminé de son objet, on pourrait croire, qu'effectivement tout, même en dehors de lapratique scientifique, est déterminé.

Or c'est précisément ce que Bachelard nie. · La science postule le déterminisme dans « toutes les régions de ses études », c'est-à-dire qu'elle pose une liaison nécessaire entre tous les phénomènes de la nature, mais cela ne signifie pour autantpas que dans la pratique, dans la réalité, tout soit véritablement, ontologiquement, déterminé.

Il s'agiten réalité pour Bachelard de montrer la compatibilité entre le déterminisme scientifique et la possibleliberté humaine. · En effet, Bachelard parle ici de « formule philosophique » selon laquelle tout est déterminé.

Il s'agit notamment des doctrines déterminismes (qui fut celle de Spinoza par exemple) qui taxe d'illusion lesentiment humain de liberté : puisque tout est déterminé dans la nature (que le possible n'est qu'unmode de l'imagination, quand celui de la connaissance rationnelle est celui du nécessaire), alors laliberté humaine n'est qu'une illusion (due au fait de notre manque de connaissance).

Du point de vuescientifique, c'est précisément la thèse de Laplace (Essai philosophique des probabilités) qui pose undéterminisme intégral que la science avait pour but de découvrir de manière progressive. · Mais c'est précisément pour cela que Bachelard introduit une distinction importante en disant justement que si la science postule (parce qu'elle a besoin du déterminisme) que tout est déterminé, ilne s'en suit pas que tout soit, effectivement, déterminé.

C'est en ce sens que s'énonce en creux lathèse bachelardienne selon laquelle la science est réalisante.

Il faut forcer le réel à aller aussi loin denotre esprit, c'est-à-dire que l'on va du rationnel au réel et non pas l'inverse.

Cela signifie donc que ledéterminisme scientifique est un déterminisme de méthode, en vue de forcer le réel.

On comprendalors pourquoi, en dehors de la science, et en dehors de ce que nous appelons « réel » (qui n'estqu'une construction de notre esprit), il n'y a pas de déterminisme absolu. · En ce sens le technicien ne saurait comprendre la formule selon laquelle tout dans la nature est déterminée, de manière absolue et universelle, parce que précisément son rôle est de mettre au jourdes formes précises, elles-mêmes déterminées, de déterminations : le technicien a besoin, pour que leterme de technique puisse avoir encore un sens, d'indétermination.

Le technicien s'installe ainsi dans« une région du déterminisme », c'est-à-dire qu'il postule le déterminisme de manière à l'en découvrir,dégagée de la nébulosité du « tout déterminé ». - 3e MOUVEMENT. »

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