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Au nom de quoi le désir serait-il condamnable ?

Publié le 06/03/2009

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 Le désir peut nuire fortement à l’humanité, et, en cela, il est condamnable. Avec le désir, l'homme fait l'expérience d'un manquement à soi, d'une aliénation. Seulement le désir peut également faire tout le sel et le sens de l'existence humaine. Que l'on songe ici au désir qui nous pousse à aimer et à philosopher. En outre il faut savoir être cependant patient, maitre de soi même et user correctement de sa raison. On peut donc dire que le désir pourrait être condamnable au nom de la paresse intellectuelle et notre tendance à privilégier la spontanéité de nos actions. Il faudrait donc « se faire violence « afin de conserver notre statut d’humain en tant qu’être de conscience, tout en maitrisant notre inconscient, notre ça (lieu de nos pulsions primaires) présent dans chacun de nous.

« Mais cela va plus loin.

En effet, cette même société qui nous aliène en orientant nos désirs dans des voiesnégatives, nous pousse en même temps dans le processus de consommation.

En effet, elle accentue notre désir dereconnaissance et s'en sert dans les publicités par exemple.

Elle pousse les hommes à acheter toujours plus,toujours mieux que les autres… Et arrive finalement à réduire nos désirs à des envies.

Or, l'envie, c'est ce qui netolère pas de temps, nous voulons tout de suite.

Le désir est réduit au caprice , et cela est dangereux et donc condamnable car il nuit à la vie humaine.

En effet, nous allons donc être poussés à vivre sur le mode del'immédiateté, c'est-à-dire que le désir réduit à l'envie ramène finalement à un stade de vie pulsionnel de l'existence,les objets que nous sollicitons s'enchaînent alors sans perspectives.

Il n'y a plus de lien, aucune succession logique.Le désir qui est donc à la base propre à l'Humain, peut nous ramener au stade animal, si l'on ne sait plus attendre.La société rend condamnable le désir lorsqu'elle se sert de lui dans la logique de consommation.Pourtant, cette même société, cette même culture est celle qui a le plus longtemps renié le désir.

En effet, lareligion blâmait les désirs de gloire, de richesse… elle les transformait en vices.

Le désir qu'elle rejetait le plus était ledésir sexuel pourtant naturel.

N'était-ce pas condamnable de rejeter autant le désir ? Car justement, la religioncultivait l'interdit.

Or, l'interdit est réputé pour accroître notre désir, et en le refoulant il ne pouvait que s'exprimerplus fortement dans le futur.

En effet, il n'y a pas à douter qu'un Homme privé de relation sexuelle pendantlongtemps sera facilement enclin à n'abuser de personne pour tenter de combler le manque qu'il a subi.

La cultureest donc nuisible dans certaines circonstances car elle pervertit le désir, neutre à la base.Seulement, le désir n'occasionne pas un manque uniquement lorsqu'il est refoulé.

En effet, le désir est relativementambigu.

Si le besoin se termine lorsqu'il est assouvi, momentanément, le désir quant à lui semble refuser d'êtreassouvi.

Il est d'abord auto- destructeur car il cherche à s'assouvir, à rechercher un plaisir et une fois satisfait, ilmeurt.

C'est ce que montre la fameuse phrase latine « post coïtum, animal triste » ce qui veut dire : après le coït, l'animal est triste .

Cela dénonce le désir sexuel qui trouve satisfaction dans l'orgasme.

Seulement, une fois assouvi, il n'est quand même pas satisfait.

Car le désir désire aussi désirer.

En effet, à peine assouvi, le désir s'empresse derenaître, il en redemande toujours sous d'autres formes.

Alors le désir au nom de son propre désir est condamnablecar il représente la misère humaine, son côté perpétuellement insatisfait.

Il montre l' incomplétude le l'Homme face aux animaux qui se contentent de répondre à leurs simples besoins vitaux.Mais d'où vient alors le désir ? Il semblerait qu'il provienne d'abord de l'imagination des hommes puisque celle-ci luiest propre et que c'est elle qui permet sans cesse d'imaginer plus que ce qui est parfaitement nécessaire.

Si elledivertit notre vie, elle est d'abord source de manque et d'insatisfaction.

Nous allons par exemple prendre l'exempled'un célèbre passage de « A l'ombre des jeunes filles en fleur » de Proust qui décrit la naissance du désir.

Dans ce récit, il suffit au narrateur de percevoir à peine les traits d'une femme pour s'enflammer tout de suite.L'imagination s'éveille soudainement et, a parti de simples fragments, se compose une image de cette jeune femme qu'il garnit de toutes les beautés.

Et en effet, notre imagination est sans bornes.

Lorsque nous éprouvonsdu désir pour quelqu'un, nous lui attribuons souvent des qualités parfaitement imaginaires, si bien que l'amour sembleinséparable de l'imagination.

La présence de l'être aimé contribue en effet moins au développement du désir que sonabsence.

L'imagination lui invente alors mille perfections : elle accomplit une étonnante opération de cristallisation.Ce dernier terme, utilisé par Stendhal, désigne bien le phénomène par lequel l'imagination transforme l'objet aimé etlui attribue sans cesse de nouvelles perfections.

Le désir semble donc avoir horreur de la réalité.

En effet, cettedernière est rarement à la hauteur de ses espérances.

Chez Proust, par exemple, l'amour ne peut atteindre sonparoxysme que si la femme entrevue disparaît aussitôt.

Contempler tant que l'on veut son visage réel empêcheraiten effet l'imagination de lui accorder tous les charmes possibles.

La puissance que le désir puise dans le processusimaginatif serait alors jugulée.Seulement, l'amour ne poursuit ici qu'un fantôme et risque alors de ne jamais trouver sa satisfaction et de nousfrustrer, car l'imagination nourrit le désir , mais elle est incapable de le rassasier .

Donc, pour échapper à la déception, le désir doit encore recourir à l'imagination : il se forge des espoirs, éternellement déçus etperpétuellement renouvelés.

On peut alors dire que l'imagination et le désir ont le même mouvement d'expansionindéfinie.

Ainsi on pourrait les comparer, comme l'a fait Platon, à la punition des Danaïdes .

En effet, dans la mythologie grecque, ces sœurs furent condamnées à remplir d'eau un tonneau percé.

De même que leur tâche estsans fin, la satisfaction totale et complète du désir est impossible.

On imaginera toujours un objet plus parfait.

Il nepeut donc être contenté par la réalité puisque cette dernière est toujours plus pauvre que l'imaginaire.Nous avons donc vu que le désir était source de la misère humaine car il nous aliénait.

Mais c'est surtoutl'imagination qui semble condamner le désir, puisqu'elle finit par nous frustrer.

Seulement, dans tout cela, nouspouvons noter l'incroyable passivité de l'Homme.

N'est-il pas un Etre responsable capable de se contrôler ? Deuxième Partie Si l'imagination est blâmable et qu'elle s'éprouve passivement, l'Homme peut quand même tenter de la brider.

Et eneffet, le premier remède au malheur occasionné par la spirale infernale du désir est de mettre un frein à notreimagination.

C'est la solution adoptée justement par Descartes, dans la morale provisoire .

En forçant l'imagination à restreindre son développement, en l'empêchant de se figurer des objets impossibles à atteindre, nous pouvonsmettre un terme à l'expansion du désir.

En désirant seulement ce qui est en notre pouvoir, nous rendons possiblenotre satisfaction.

Le désir est donc condamnable lorsque l'Homme n'use pas de sa lucidité pour trier ses désirs. Et lors d'un bon tri, l'Homme peut alors faire naître de nouvelles choses contingentes mais acceptables.

Etfinalement, en créant de nouvelles choses, l'Homme va sans cesse créer de nouveaux besoins, pas naturels, maisqui finissent par sembler indispensables à la vie humaine.

Par exemple, les désirs d'abord purement contingents del'Homme de manger avec des couverts ou de s'acheter une voiture sont vus aujourd'hui comme une nécessité.

La. »

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