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Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860): Histoire et Humanité

Publié le 29/03/2005

Extrait du document

schopenhauer
L'histoire nous enseigne qu'à chaque moment il a existé autre chose ; la philosophie s'efforce au contraire de nous élever à cette idée que tout le temps la même chose a été, est et sera. En réalité l'essence de la vie humaine comme de la nature est tout entière présence en tout lieu, à tout moment, et n'a besoin, pour être reconnue jusque dans sa source, que d'une certaine profondeur d'esprit. Mais l'histoire espère suppléer à la profondeur par la largeur et l'étendue : tout fait présent n'est pour elle qu'un fragment, que doit compléter un passé d'une longueur infinie et auquel se rattache un avenir infini lui-même. Telle est l'origine de l'opposition entre les esprits philosophiques et historiques : ceux-là veulent sonder, ceux-ci veulent énumérer jusqu'au bout. [...] La multiplicité n'est que phénomène, et les faits extérieurs, simples formes du monde phénoménal, n'ont par là ni réalité ni signification immédiate ; ils n'en acquièrent qu'indirectement, par leur rapport avec la volonté des individus. Vouloir en donner une explication et une interprétation directes équivaut donc à vouloir distinguer dans les contours des nuages des groupes d'hommes et d'animaux. Ce que raconte l'histoire n'est en fait que le long rêve, le songe lourd et confus de l'humanité. Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)

 

Il y a une opposition entre histoire & philosophie. 1. Les enseignements de la philosophie et de l’histoire s’opposent sur le statut de la chose, toujours identique à elle-même (c’est la thèse de la philosophie), toujours autre qu’elle-même (c’est la thèse de l’histoire). 2. L’histoire prétend suppléer à la profondeur par « la largeur et l’étendue « et l’investigation sans fin de toutes choses. 3. Mais ni la philosophie ni l’histoire ne comprennent que les phénomènes n’ont de réalité et de sens que par la volonté des individus, elle-même émanation d’un vouloir-vivre qui anime le monde entier.  

 

schopenhauer

« Quant à la tentative des historiens de saisir la « multiplicité » des choses, elle échoue elle aussi à saisir la réalité età dire la signification.

Cette multiplication.

Cette multiplicité ne renvoie à aucune profondeur, elle n'atteint que les «phénomènes ».C'est que ce sur quoi croit porter la philosophie ou l'histoire (la multiplicité des phénomènes, les faits extérieurs, lesformes des phénomènes), n'a ni la réalité ni la signification.

Autrement dit le monde tel que nous croyons le saisir està proprement parler insensé : il n'a pas de sens.Aussi SCHOPENHAUER dénonce-t-il la vanité de ces entreprises, tout en proposant indirectement sa définition à lafois de la philosophie et de l'histoire, ou plus exactement de toute réalité.

Rien ne prend existence et sens que parla volonté des individus (qui n'est, qu'un déguisement de la volonté de l'espèce).Toute autre tentative d'explication est illusoire.

Expliquer le monde, pour tout un chacun c'est seulement projeterses pensées, ses désirs, ses fantasmes sur la matière évanescente et sans cesse renouvelée des images.

Certes,on se projette, et du même coup on croit lire, mais il n'y a rien dans cette réalité qu'évanescence et flux sansrepos.Mais l'humanité aimerait tant se comprendre ! Pourtant l'histoire ne livre que des histoires, comme on le dit deschoses fausses : ce sont des histoires ! Un simple songe sans consistance, mais proche du cauchemar par salourdeur et sa confusion. Ce texte nous présente l'histoire comme un simple songe sans consistance.

Une telle position peut paraître dénuéede sens si on ne la replace pas dans le contexte de la philosophie de SCHOPENHAUER.

En fait, c'est le monde qui estabsurde.

Dans la mesure où l'espèce humaine, comme l'ensemble du monde, est emportée par un immense vouloir-vivre, il n'y a plus de place pour l'histoire des individus.

SCHOPENHAUER (Arthur). Né à Dantzig en 1788, mort à Francfort-sur-le-Main eu 1860. Il fit des études de médecine à Göttingen, puis suivit les cours de Fichte à Berlin.

Il rencontra Goethe, voyagea enItalie, devint privat-dozent de l'Université de Berlin en 1820, voyagea encore, puis, en 1833, se retira dans samaison de Francfort.

— Il a subi l'influence conjuguée de Kant et de la philosophie hindoue.

Le monde « est mareprésentation » ; il contient le sujet et l'objet, il est une illusion produite par une Volonté aveugle et absurde.

Lecorps est « la volonté devenue visible », à travers laquelle on découvre l'absolu, la Volonté Une qui est la racine deschoses.

— Le substratum du monde phénoménal est le vouloir-vivre, auquel est soumise l'intelligence.

La vie n'estque maux et souffrances, une « histoire naturelle de la douleur».

C'est par l'intelligence que l'homme anéantit levouloir-vivre ; la chasteté et l'ascétisme lui permettent d'atteindre le nirvâna hindou.

— Solitaire, indifférent,pessimiste, Schopenhauer fonde sa morale sur la pitié.

Il a fortement influencé Nietzsche. Œuvres principales : La quadruple racine de la raison suffisante (1813), Le monde comme volonté et comme représentation (1819), Sur la volonté dans la nature (1830), Essai, sur le libre arbitre (1841), Fondement de lamorale (1841), Parerga et Paralipomena (1851), Aphorismes sur la sagesse dans la vie (posth.).. »

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