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Aristide Maillol

Publié le 26/02/2010

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Sculpteur et peintre, né à Banyuls-sur-Mer en 1861, décédé dans la même ville en 1944. Il reçoit un enseignement académique auprès de Gérôme et de Cabanel à l'École des Beaux-Arts. En 1893, Maillol rencontre le groupe des Nabis, qui comme lui, voue une grande admiration à Gauguin. Ses tableaux, à l'exemple de la Vague, révèlent l'influence des Nabis dans le traitement bidimensionnel de l'espace et dans l'évocation d'un symbolisme discret. Fasciné par la tapisserie du musée de Cluny, l'artiste ouvre en 1893 un atelier dans sa ville natale. Mais ses problèmes de vue le forcent à renoncer à ce travail minutieux. Il s'investit alors pleinement dans la sculpture, encouragé par ses amis Bonnard et Vuillard. Ses oeuvres comme la Méditerranée (1905-1929) ou Ile-de-France témoignent de ses recherches pour les volumes massifs, la simplification et la géométrisation des formes. Dans les années 1920-1930, la notoriété de Maillol est faite et ne se démentira pas, même après son décès. Grâce à l'initiative d'André Malraux et de Dina Vierny, le dernier modèle de l'artiste, on peut admirer dix-huit grands bronzes du maître dans les jardins du Carrousel à Paris. Il est curieux que tout art qui s'achève le fasse dans la sérénité, une sérénité d'autant plus étonnante qu'elle succède toujours à une époque d'agitation et d'inquiétude, et contraste totalement, étrangement, avec elle : comme si cet art voulait avant sa mort revivre, un moment, par-delà sa vieillesse fiévreuse, l'équilibre, la paix et la certitude de sa glorieuse maturité. Ce que fut pour la sculpture gothique la période dite de la "détente", retour au calme consécutif à la frénésie slutérienne, les dernières années du XIXe siècle et les premières années du XXe l'ont été, après le romantisme frémissant de Rodin, pour la sculpture issue de la Renaissance, grâce à toute une pléiade de sculpteurs épris de la stabilité classique, tels que Lucien Schnegg, Jane Poupelet, Joseph Bernard, Wlerick, Dejean, Drivier, Poisson, Pommier, Niclausse, etc. et tels, surtout, que Pompon, Despiau, et, plus encore, Maillol.

« Et il le fait sur le mode classique, si j'ose ainsi m'exprimer.

A part de rares exceptions l'action enchaînée, la Rivière-point de figures en mouvement.

L'élan même qui soulève l'homme du relief Désir n'en fait pas pour autant passerdans cet ouvrage un dynamisme romantique ou baroque, contrarié, annulé qu'il est par le mouvement contraire dupartenaire féminin rétracté et consentant.

Plus encore qu'allongées et que debout, les statues de Maillol sont àl'aise accroupies, lorsque leurs jambes repliées leur donnent une base particulièrement large, et qu'elles acquièrentde la sorte une allure pyramidale d'une stabilité élémentaire : Méditerranée l'emporte ainsi, ce me semble, surl'Hommage à Cézanne et la Vénus au collier.

La paix majestueuse de la statuaire classique revit dans cet art à quielle était nécessaire : comment dire autrement l'épanouissement de la femme dans sa maturité, sa splendeurplantureuse, sa pesante opulence ? On conçoit aisément dès lors que Maillol se soit trouvé plus à son aise dans lesfigures isolées que dans les groupes : chacun de ses personnages est à ce point ample et monumental qu'il nesaurait s'accorder avec d'autres figures également immenses.

Limite à laquelle s'en ajoute une autre :l'incompatibilité de cette sculpture avec l'architecture.

Monuments en soi, ces statues n'ont que faire du monument.Le seul cadre qu'elles admettraient et dans lequel elles s'intégreraient serait celui d'un parc : plan d'eau, fondd'arbres, parterre de fleurs.

Mais qui ne voit qu'à cet égard encore elles relèvent de l'esthétique conçue par laRenaissance ? Mais dans les temps de transition, il n'est point de maître à ce point raciné à la tradition et solidaire du passé, quin'annonce, de façon ou d'autre, l'art qui se prépare et qui déjà pointe.

Ultime représentant de la statuaire gothiquefrançaise, Michel Colombe était déjà, à certains égards, un sculpteur de la Renaissance.

De même Maillol, dans lasculpture de qui l'art de cette Renaissance s'achève splendidement, ne laisse pas d'annoncer les rénovateursmodernes de la sculpture.

On ne l'a pas remarqué assez (peut-être parce que ses admirateurs ont trop vanté en luile "Grec de Catalogne") : Maillol sculpteur est un autodidacte.

Que l'on se remémore à ce propos l'histoire de sa vieet de sa formation. Il naît à Banyuls, le 25 décembre 1861, dans une famille de paysans et de marins, une vieille famille du vieux "peuple"de France, au sens où Péguy entendait le mot.

Il est élevé par sa tante dans l'atmosphère de piété, de sévéritémorale, de probité scrupuleuse, de travail, d'économie, de prudence et de raison qui était celle de nombreusesfamilles dans la province française d'alors.

Il fréquente l'école communale de Banyuls, puis le collège de Perpignan.Le conseil général des Pyrénées-Orientales lui accorde une bourse de deux cents francs par an pour étudier, dans lechef-lieu du département, les moulages du musée, car il sent s'éveiller en lui la vocation artistique et aspire àdessiner...

Un élève de l'École des Beaux-Arts de Paris, rencontré par hasard, le convainc que c'est seulement dansla capitale qu'il recevra la formation indispensable.

Il persuade sa tante de lui envoyer vingt-cinq francs par moispour lui permettre de vivre à Paris et d'y apprendre les rudiments de l'art.

Et, âgé de vingt et un ans, il quitte sonRoussillon pour le Quartier Latin. Il n'y trouve d'abord que déboires.

Gérôme, dont il suit les cours à l'École des Beaux-Arts à titre d'élève libre, l'enchasse, estimant qu'il ne sait rien, et qu'il est tout juste bon pour l'École des Arts décoratifs, que l'on méprise QuaiMalaquais.

Docile, il se fait inscrire dans cet établissement et y travaille assidûment.

Puis il revient à l'École desBeaux-Arts, et toujours studieux, toujours sérieux, reçoit l'enseignement de l'illustre Cabanel (1883-1887).

Maisdéçu par ces leçons, il cherche ailleurs, en quête d'un chemin de Damas, qu'il trouvera vers 1889 grâce à MauriceDenis et aux peintures de Gauguin.

Le voici qui entre alors dans le groupe des Nabis, partage leurs admirations,exécute une copie d'après le Pauvre Pêcheur de Puvis de Chavannes, ne parle ou n'entend parler que de synthèse,de retour aux sources, d'archaïsme, de décoration, et se met à peindre dans l'esprit de Gauguin et de Sérusier.

Il abientôt trente ans, il a consciencieusement appris le métier de peintre, courageusement repensé le problème de lapeinture.

Mais, de sculpture, il n'en est point question. Il n'en sera pas question de sitôt.

Sentant, en effet, qu'il fait fausse route en peignant, s'il renonce à la peinture,c'est pour se consacrer à la tapisserie : les Nabis ne proclamaient-ils pas bien haut la nécessité de ressusciter lesarts du décor et d'en retrouver la pureté première ? Il fonde ainsi à Banyuls un atelier de cinq ou six jeunes filles(l'une d'elles deviendra sa femme en 1895), donne des cartons, achète la laine aux paysans de la région, la fait filerà la quenouille, la teint avec les plantes qu'il cueille dans la montagne, et expose ses tapisseries à Bruxelles et àParis.

Gauguin les approuve.

De rares clients en achètent, en particulier le prince Bibesco, que Vuillard a amené dansla maison de Villeneuve-Saint-Georges où Maillol a alors transporté ses pénates et son atelier.

Malgré des difficultésmatérielles angoissantes (il ne subsiste que grâce à l'aide de ses amis, Daniel de Monfreid en particulier), il ne pensequ'à continuer dans cette voie, qui est, pense-t-il, sa voie.

Il a presque quarante ans.

Il n'a point encore sculpté,sauf quelques statuettes de bois et le berceau de son fils Lucien, pour s'amuser. Et peut-être ne fût-il jamais devenu sculpteur sans une maladie des yeux qui lui fit perdre pendant quelque tempsl'usage de la vue et qui lui défendit pour toujours la pratique de la tapisserie.

Il se met alors à chercher dans lasculpture un passe-temps, un dérivatif, un "divertissement".

Il taille des morceaux de bois, puis se met à pétrirl'argile, cuit ses statuettes dans un four qu'il a construit, les recouvre parfois d'une couche d'émail : le voici devenusculpteur.

Qu'il le soit devenu d'emblée, avec une maîtrise qui confond, ce n'est pas là le plus important ; l'essentiel,à mon sens, c'est que, du fait de cette formation (ou de cette absence de formation), il ait été contraint deréinventer la sculpture ; et sans doute, si les hasards de l'existence lui eussent permis de le faire une vingtained'années plus tard, l'aurait-il accompli dans un autre langage.

Son aventure n'est pas sans analogie avec celle, enpeinture, de Gauguin.

Son retour au classicisme est aussi, à un certain point de vue, un retour aux sources del'esthétique grégo-renaissante, sans doute, mais à des sources tout de même, et à de l'authentique.

S'il a tant aiméla terre cuite, et s'il y a peut-être donné le meilleur de lui-même (il n'est pas défendu, en effet, de penser que ses. »

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