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Arendt: Tout ce que produit le travail...

Publié le 26/03/2005

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arendt
Tout ce que produit le travail est fait pour être absorbé presque immédiatement dans le processus vital, et cette consommation, régénérant le processus vital, produit - ou plutôt reproduit - une nouvelle « force de travail » nécessaire à l'entretien du corps. Du point de vue des exigences du processus vital, de la « nécessité de subsister », comme disait Locke', le travail et la consommation se suivent de si près qu'ils constituent presque un seul et même mouvement qui, à peine terminé, doit recommencer. La « nécessité de subsister » régit à la fois le travail et la consommation, et le travail lorsqu'il incorpore, « rassemble » et « assimile » physiquement les choses que procure la nature, fait activement ce que le corps fait de façon plus intime encore lorsqu'il consomme sa nourriture. Ce sont deux processus dévorants qui saisissent et détruisent la matière, et « l'ouvrage » qu'accomplit le travail sur son matériau n'est que préparation de son éventuelle destruction. Cet aspect destructeur, dévorant, de l'activité de travail n'est, certes, visible que du point de vue du monde et par opposition à l'oeuvre qui ne prépare pas la matière pour l'incorporer, mais la change en matériau afin d'y ouvrer et d'utiliser le produit fini. Du point de vue de la nature, c'est plutôt l'oeuvre qui est destructrice, puisque son processus arrache la matière sans la lui rendre dans le rapide métabolisme du corps vivant. Arendt

Ce texte d’Hannah Arendt, extrait de son ouvrage La condition de l’homme moderne, traite du travail et de sa nature à travers un jeu d’oppositions et d’assimilations. En effet, Arendt  assimile d’abord le travail et la consommation dans un même cycle ; en somme, on travaille pour manger et l’on mange pour travailler. Cependant, cette assimilation a pour contrepoids l’opposition du travail à l’œuvre : « par opposition à l’œuvre qui… «. Arendt nous suggère donc une analyse même la nature du travail, qu’elle finit par opposer à la fin du texte à l’œuvre, produit fini et utilisable, à l’inverse du fruit du travail uniquement consommable. Analysons en détail le texte afin de bien saisir ce que nous venons de dire.

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