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ANALYSE PHILOSOPHIQUE DE LA PERCEPTION

Publié le 12/01/2010

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perception

Tout ce qui est perçu est perçu comme existant. La perception s'installe donc dans le réel. L'assurance de cette réalité ne se fonde pas dans des données élémentaires ou sensations, mais dans l'enchaînement et la concordance de nos diverses perceptions et réactions. Donc :  1° toute donnée prend sa réalité, sa valeur, de l'ensemble organisé auquel elle appartient ;  2° l'objet qui apparaît comme la cause de la sensation est en fait le terme de la réaction. Il est au bout du geste, et, au reste, prêt à s'échapper dès qu'on rompt le pacte de familiarité, dès qu'on veut préciser l'origine de la vision.  L'analyse philosophique portera sur cette assurance du réel, et sur la manière dont elle se manifeste. Cela nous ramène à notre première distinction : il y a deux façons de comprendre la perception : soit comme phénomène objectif, soit comme position de la conscience. En d'autres termes, la perception s'interprétera soit comme une manifestation de la vie organisée, explicable par les conditions dans lesquelles cette vie s'assure et se développe, soit comme un moment de la conscience, reconnaissable sous les principes propres à la pensée.  Le débat philosophique portera sur la réalité et la valeur du renversement opéré par la conscience. Et selon que l'on rapporte la pensée à la vie ou la vie à la pensée, on reconnaît deux traditions philosophiques. Dans la première, on citera : Épicure, Aristote, Spinoza, Marx. Dans la seconde : Platon, Descartes, Kant, Hegel. En fait, entre ces deux traditions qu'il faut considérer ici comme deux caractérisations extrêmes, l'histoire de la philosophie livre toute la variété des compromis ou des intermédiaires. Cependant, quels que soient par ailleurs le style et la construction d'une philosophie, on en reviendra toujours au point où se réalise un tel débat.

perception

« est que toute perception est d'entendement et que les sens sont des fonctions de l'esprit.

Il apparaît alors que laperception n'est pas donnée mais construite et qu'on ne saurait la comprendre sans dégager l'activité synthétique,c'est-à-dire unifiante, de la conscience.

L'unité de la pensée se découvre constitutive de l'unité des objets.Cette théorie réflexive de la perception prend appui sur deux analyses particulièrement célèbres dans la philosophie.L'une est une analyse du Théétète de Platon (184c-187a), où il est montré que si nos divers sens (oeil, main,oreille...) s'accordent dans l'objet identique auquel ils se rapportent (la même chose vue, entendue, touchée...)aucun cependant ne peut nous faire constater cette identité.

Comment la main qui touche verrait-elle ce que voitl'oeil ? Il faut donc un sens commun et un acte de la pensée ou jugement.L'autre, non moins célèbre, est l'analyse du morceau de cire que Descartes développe dans sa Deuxième méditation,pour montrer que l'âme est plus aisée à connaître que le corps..

En effet, la perception de ce morceau de cire, donttoutes les qualités sensibles changent quand on l'approche du feu, et dont l'étendue est susceptible de recevoir uneinfinité de figures telle que leur variété dépasse notre imagination, ne cesse d'être perception de la même cire alorsmême que l'apparence en est changée.

Dans le moment où nous la percevions, cette cire n'était donc passeulement sentie avec ses qualités présentes et imaginée dans son étendue actuelle ou possible, mais elle étaitconçue comme cet objet par avance identique à travers toutes les transformations possibles : cette cire dont onpeut varier l'apparence mais non pas supprimer l'être.

Descartes en concluait que c'est donc l'entendement oufaculté de concevoir qui voit, et non pas et qu'ainsi l'esprit est présupposé dans la connaissance de tout objet.Le développement complet de la théorie réflexive de la perception se trouve dans le Cours sur la perception de JulesLagneau et repris dans d'innombrables analyses d'Alain.

On y remarque que la perception est traduite dans lelangage de la réflexion.

Percevoir n'est pas savoir, car la perception reste au niveau de l'action ; mais elle impliquedes concepts dont la définition constitue la connaissance.

Elle suppose donc un savoir implicite toujours antérieur,fait de l'expérience acquise (la simple sensation est toujours dépassée), et elle comporte un développementpossible.

Cette possibilité logique s'élève au-dessus de toutes les liaisons empiriques, de tous les cadres historiques.Elle constitue les formes générales de toute représentation de l'unité d'un objet dans l'espace et le temps.

C'estainsi que tout ordre des choses trouve son principe dans l'esprit qui le pense.b) L'analyse phénoménologique.

C'est une explicitation de l'expérience vécue.

Elle entend dépasser l'opposition dusujet percevant et de l'objet perçu, introduite par le réalisme de la perception elle-même.

En effet, tout le problèmede la perception devient insoluble lorsqu'il nous ramène à la question : comment une chose peut-elle affecter laconscience ? Comment la pensée peut-elle refléter l'ordre des choses ? Problème mal posé, issu du préjugé del'attitude naturelle.

Nous réalisons en effet l'indépendance des choses à notre égard en un être propre à partir dequoi nous posons la question : comment est-il possible de les percevoir ? Nous partons du résultat de la perception.Mais, en fait, cette indépendance de la chose se constitue à l'intérieur de la perception ; elle n'est pas antérieure àla conscience qu'on en prend.

Il ne s'agit donc pas de partir de la chose perçue mais de la conscience qui perçoitcette chose.

Bref, il s'agit de rétablir le rapport originaire qui s'oriente du sujet à l'objet, de l'objet au sujet.

On nepeut partir ni d'un pur voir, ni d'une chose prise en soi-même, mais d'un voir-cette-chose.

Le regard s'accomplitdans la rose, et la rose fleurit dans le regard.

Conscience d'un objet, objet pour une conscience, tels sont les deuxpôles de la même recherche.

Il apparaît que la perception a son objectivité propre caractéristique d'une certaineattitude de conscience.Pour le phénoménologue, la conscience se définit dans sa relation à ses objets, c'est-à-dire son intentionnalité.

Ellen'est donc pas exprimable en elle-même, mais en tant qu'elle vise tel ou tel contenu.

On ne peut donc pas parlerdes formes de la représentation d'un objet en général comme des conditions a priori de la perception de tout objet.La pensée de l'objet en général peut sans doute correspondre à une certaine prise de conscience, mais qui n'est pascelle de la perception.

C'est celle de la réflexion.

Et par ailleurs, la conscience ne constitue pas un répertoire deformes.

Elle n'est pas entendement mais intentionnalité.

Les formes sous lesquelles une représentation s'organiselogiquement ne sont pas dissociables de son contenu ou matière.

Forme et matière s'élaborent inséparablement, carle contenu, c'est précisément la réalisation de la perception.

Les catégories ou conditions logiques de la perceptionseront des catégories de l'objet.Là où l'analyse réflexive parlerait de conception, la phénoménologie parlera de visée.

Là où l'on plaçait l'identité del'objet correspondant à l'unité de la conscience, on posera l'invariable de la visée qui appréhende l'essence.Percevoir, ce n'est pas identifier, c'est se tourner vers, s'attendre à...

On accentue ainsi le fait que visible etinvisible sont fonction d'une certaine orientation de voir.

La conceptualisation apparaît comme une élaborationseconde.

Loin de procéder d'un entendement pur, son origine est dans un préréflexif, un niveau de conscienceimplicite et antérieur à toute élucidation logique.

C'est une relation vécue qui met en jeu un certain typed'expérience.Si on développe cette analyse du percevoir, on sera amené à faire les remarques suivantes : 1° l'objet de laperception n'est jamais atteint dans une réalisation complète, achevée ou dans une apparition définitive.

Il se profileà travers une succession d'apparences, une diversité d'aspects fondus ou hétérogènes.

On n'en finit pas de voir,entendre, sentir, etc.

Une distance subsiste, et la perception peut se satisfaire mais non se combler.

L'attention sefatigue avant que la représentation soit saturée.

Il reste donc de l'indéfini en toute perception ; 2° cet indéfini a ladimension d'un monde.

Ce en quoi l'objet se constitue, c'est en .effet un monde où il paraît et disparaît.

Touteperception d'objet est perception du monde.

Et ce monde a un horizon, une perspective de possibles.

Il constitue unfonds et un domaine d'investigation.

Toute chose s'y introduit selon la genèse de son appréhension.L'analyse phénoménologique a renouvelé la plupart des descriptions.

En suspendant l'attitude naturelle à l'égard del'existence (réduction phénoménologique), elle permet une analyse purement compréhensive.. »

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