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ANALYSE DES « PENSEES » DE PASCAL. ?

Publié le 24/05/2009

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Dans sa retraite de Port-Royal, Pascal ne pensait plus qu'à composer une apologie du christianisme. Il était préoccupé des progrès que l'incrédulité faisait au milieu de la société du dix-septième siècle, société chrétienne par tradition et par habitude, mais qu'ébranlaient fortement les menées des libertins, comme on appelait alors les esprits forts et les impies.

Pascal ne put qu'amasser les matériaux -qui devaient servir à la composition de son ouvrage. Encore ces matériaux n'étaient-ils que des notes, jetées pêle-mêle sur le_ papier, au hasard des circonstances. Les amis de Pascal conservèrent précieusement ces notes, et huit ans après sa mort, Port-Royal en fit une première publication très incomplète, et trop souvent altérée.

Condorcet, Voltaire et l'abbé Bossuet essayèrent dans la suite de donner des éditions des Pensées; mais ce ne fut qu'en 1843 que Faugère publia le premier le texte fidèle des notes de Pascal. En 1852, Navet en donna une nouvelle édition.

Les éditions qu'on a publiées des Pensées sont précédées d'une introduction qui en explique l'objet. Cette introduction est la relation d'une conversation de Pascal avec M. de Sacy.

C'est le secrétaire de ce dernier, Fontaine, qui nous a conservé le récit de cet entretien; il l'avait publié d'abord dans ses Mémoires, pour servir à l'histoire de Port-Royal.

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« le sein de l'oisiveté tranquille; d'où elle montre aux hommes qui cherchent la félicité avec tant de peines, que c'estlà seulement où elle repose, et que l'ignorance et l'incuriosité sont deux (tous oreillers pour une tète bien faite,comme il le dit lui-même.

» 3.

Conclusion.

— « En lisant Montaigne, conclut Pascal, et .en le comparant avec Epictète, j'ai trouvé qu'ils étaientassurément les deux plus grands défenseurs des deux plus célèbres sectes du monde, et les seules conformes à laraison, puisqu'on ne peut suivre qu'une de ces deux routes, savoir : ou qu'il y a un Dieu, et lors il y place sonsouverain bien, ou qu'il est incertain, et qu'alors le vrai bien l'est aussi, puisqu'il en est incapable.

» Donc, il y a chezces deux philosophes quelques traces de vérités.D'où viennent les erreurs dans lesquelles sont tombés ces esprits si remarquables ? De ce que ni l'un ni l'autre n'ontcompris « que l'état de l'homme à présent diffère de celui de sa création ».

Le premier, le stoïcien Epictète, n'a vuque ce qu'il y a de grand dans l'homme, et il s'est perdu dans l'orgueil.

Le second, Montaigne l'épicurien, n'a vu quece qu'il y a de bas, et il s'est précipité dans le désespoir et la lâcheté.Il pourrait sembler, au premier abord, qu'en alliant ces deux doctrines, on arriverait à former une morale parfaite;mais elles sont inconciliables et se détruisent mutuellement.

Seule, la religion chrétienne sait concilier la grandeur etla faiblesse de l'homme.

Elle nous enseigne, en effet, que tout ce qu'il y a d'infime en nous vient de nuire naturecorrompue, et que tout ce qu'il y a de grand et de puissant nous vient de la grâce; et ainsi elle sait nous inspirer àla fois les pensées les plus humbles et les aspirations les plus sublimes.M.

de Sacy témoigne à Pascal son admiration pour les conclusions si sages et si élevées qu'il a su tirer de seslectures; et le philosophe termine en résumant sa pensée en ces termes : « Je trouve, dit-il, dans Epictète, un artincomparable pour troubler le repos de ceux qui le cherchent dans les choses extérieures...

Montaigne, de son côté,est incomparable pour confondre l'orgueil de ceux qui, hors de la foi, se piquent d'une véritable justice...

Mais siEpictète combat la paresse, il mène à l'orgueil, et Montaigne est absolument pernicieux à ceux qui ont quelquepente à l'impiété et aux vices.

» APPRECIATI0N Cet entretien, nous l'avons dit, a été conservé par Fontaine, secrétaire de M.

de Sacy.

On croit qu'il est deFontaine pour le style et de Pascal pour le fond.

Mais Pascal a bien pu le composer lui-même et remettre ses notesà Fontaine.Ce dialogue est le préambule des Pensées; il en explique le plan et il permet d'en saisit l'idée dominante.

En opposantEpictète à Montaigne, Pascal veut conclure à l'insuffisance de la raison.

En effet, « l'un établissant la certitude,l'autre le doute; l'un la grandeur de l'homme, l'autre sa faiblesse, ils ruinent les vérités aussi bien que les faussetésl'un de l'antre.

De sorte qu'ils ne peuvent subsister seuls à cause de leurs défauts ni s'unir à cause de leursoppositions, et qu'ainsi ils se brisent et s'anéantissent pour l'aire place à la vérité de l'Evangile.

» C'est cette même opposition que Pascal devait développer dans son Apologie.Mais Pascal s'est trompé en croyant que le scepticisme peut fournir des armes à la foi; c'est lui qui a favorisé lescepticisme.

C'est par l'usage légitime de la raison que les plus grands philosophes, saint Thomas, Descartes,Bossuet, sont arrivés à proclamer la nécessité de la foi.

D'ailleurs, pourquoi opposer Epictète à Montaigne ? N'y a-t-ildonc pas de milieu entre deux hommes si différents ? Faut-il absolument que la raison suive les lois de l'un ou del'autre?Exclure la raison et n'admettre que la raison sont deux excès; il faut tenir une route certaine entre ces deux écueils.Pascal ne l'a pas toujours fait.

2° IDÉE GÉNERALE DES Pensées Il n'est pas possible de faire une analyse proprement dite des Pensées, puisque ce ne sont que des notes sansliaison; mais on peut eu donner une vue générale.Plusieurs critiques contemporains, notamment Havel et Brunetière, prétendent qu'on ne saurait retrouver le plan dePascal.

« Dans la confusion de ces notes, dit Brunetière, nous ne saurions discerner celles qui se rapportaient ou nese rapportaient pas au dessein de l'Apologie.

»Mais la Préface qu'Etienne Périer mit à la première édition des Pensées, indique suffisamment le plan de l'auteur, panque confirme d'ailleurs une note de Pascal, où on lit : « Première partie : Misères de l'homme sans Dieu ; Deuxièmepartie : Félicité de l'homme avec Dieu.

»On peut voir deux parties, en effet, dans les Pensées : 1° un exposé des misères et des faiblesses de l'homme, etun aperçu de l'impuissance de la philosophie à expliquer ces misères; 2° une démonstration directe de la divinité duchristianisme, et de sa nécessité pour résoudre le problème posé.

I.

— FAIBLESSE DE L'HOMMEL'homme est une énigme.

« Quelle chimère est-ce donc que l'homme?...

S'il se vante, je l'abaisse s'il s'abaisse, je levante, et le contredis toujours, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible.

L'homme n'estqu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant.

Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pourl'écraser.

Une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer...

»Il ne rencontre partout que contradiction.

Il ne sait où trouver la justice et la vérité.

« Vérité en deçà des Pyrénées,erreur au delà.

»Suspendu entre les deux abîmes de l'infiniment grand et de l'infiniment petit, l'homme ne peut rien connaître, parceque tout se tient.Où l'homme ira-t-il chercher le remède à sa faiblesse et l'explication de ces misères? Sera-ce chez les philosophes?. »

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