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Analyse de l'oeuvre littéraire de Charles BAUDELAIRE ?

Publié le 12/06/2009

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baudelaire

BAUDELAIRE (1821-1867) Baudelaire est un poète et non un philosophe, mais c'est un poète romantique. Cela signifie que sa poésie est l'expression d'angoisses et de questions qui confinent à la métaphysique. Aussi, sans prétendre réduire la poésie de Baudelaire à une démarche intellectuelle, peut-on néanmoins apercevoir en elle un itinéraire spirituel. L'oeuvre principale de Baudelaire est Les Fleurs du mal. C'est un recueil qui regroupe et organise des poèmes dont la rédaction s'étale sur une dizaine d'années. Quelle en est la structure? Nous trouvons successivement : 1°) Spleen et Idéal 3°) Le Vin 5°) Révolte 2°) Tableaux parisiens 4°) Fleurs du mal 6°) La Mort Si l'on remarque que le recueil commence par un poème intitulé Bénédiction, qui marque la venue au monde du poète, et qu'il se termine par un autre intitulé La Mort, nous comprenons que l'oeuvre de Baudelaire retrace les étapes d'une vie humaine de son début jusqu'à son terme. Cette vie est sans doute celle du poète lui-même. Si l'on en croit Baudelaire, l'homme est un exilé. Partagé entre l'idéal perdu et le spleen, il lit dans le spectacle des grandes villes l'image de sa déchéance. Pour fuir sa condition, il cherche l'oubli dans la drogue et dans le mal, mais en vain. Après un essai de révolte, il n'a plus pour issue que la mort. Mais ce plan en cache un autre, plus profond, qu'il est possible de reconstituer.

baudelaire

« Pascal et la nostalgie du Bien Dans L'Aube spirituelle, la débauche avoue sa défaite.

Elle a tenté toute une nuit de faire taire la cruelle tentationde l'impossible idéal, elle s'est rendue sourde à la voix de l'absolu, elle a cherché dans l'animalité un oubli desangoisses de la conscience, mais en vain.

Car la débauche abat le débauché et le rend plus vulnérable encore àl'appel des cieux.

Quand il gît sans forces au terme d'une nuit d'orgie, en même temps que la lumière, entre dans sachambre le fantôme de l'idéal qu'il croyait avoir tué mais qui revient.Baudelaire découvre que la débauche est un divertissement, une ruse de l'ennui; en fait, rien ne peut nous guérir dutemps, rien ne peut nous consoler de la perte de l'éternité.

Dans la rage de vivre ou de se détruire, dans la misèrehumaine, dans le crime ou la sainteté, dans l'exil et la souffrance, dans le Mal lui-même, Baudelaire lit l'amourpathétique ou rageur du Bien.

Pascal est son maître.

Il lui fait découvrir dans Les Aveugles une allégorie de l'hommemoderne qui ne voit plus Dieu, mais le recherche encore au ciel.

Dans l'amour, dans l'aventure, dans le voyage,Baudelaire devine l'effort que fait l'homme pour se fuir lui-même.

Dans le plaisir, il discerne une fuite dérisoire etavilissante vers la bête.

Tout n'est que divertissement.

Il en est de nobles, il en est de bas; pour sa part,Baudelaire, à la fin de son itinéraire, est écoeuré de la vaine débauche et des faux plaisirs qui n'offrent que des «paradis artificiels ».

Dans le poème Recueillement, postérieur aux Fleurs du mal, Baudelaire s'écarte de la multitudevile qui va « cueillir des remords dans la fête servile ».

Il se prépare à sa dernière aventure, au vrai et seul voyage. Le pari sur la mort La vie, comme l'histoire humaine, est un voyage, mais un voyage illusoire qui nous ramène à notre point de départ etnous fait comprendre que nous ne sommes jamais vraiment partis.

Jamais en effet nous n'avons pu nous fuir nous-mêmes, jamais nous n'avons pu atteindre le mirage qui s'offre et se dérobe sans cesse devant nous.

La terre estronde; c'est en vain que nous en avons fait le tour : nous n'avons pas bougé.L'échec du voyage réel nous fait alors découvrir la tentation du voyage surnaturel; il est là, qui nous attend et nousappelle au terme de nos aventures inutiles; un voyage s'offre à nous qui est le seul véritable : c'est la mort.

C'est leplus ancien (« 0 Mort, vieux capitaine ») et le seul qui nous conduise vers un ailleurs.Dans ce sommet de la poésie baudelairienne qu'est le long poème intitulé Le Voyage qui clôt Les Fleurs du mal, lesthèmes pascaliens sont partout présents.

Le voyage est un divertissement.

Nous projetons en imagination deschimères dont l'attrait nous permet pour un temps d'oublier notre ennui et notre misère.

Mais l'objet de nos désirs,aussitôt conquis, révèle sa vanité.

Le divertissement conduit à la déception, la déception à un nouveau mensonge.A la fin, le champ entier de l'espace et de la vie est parcouru, il n'y a plus de place pour de nouvelles espérancesterrestres.

Alors, comme Pascal pariait sur Dieu, Baudelaire parie maintenant sur la mort.

Dieu, pour Pascal, estpeut-être un divertissement mais, à la différence de tous les autres, son caractère illusoire ne peut faire l'objetd'une expérience éventuelle car, situé au-delà de la vie, il est au-delà de toute expérience.

De même la mort noustrompe peut-être, ses promesses sont peut-être des leurres, mais nous ne le saurons jamais; étant éternellementdevant nous, elle conservera toujours son caractère de pure promesse jamais démentie.

La mort est donc le lieu detous les rêves possibles.

Elle est le refuge de tous les impossibles.

Elle est le seul domaine où l'espérance soit à l'abride ladésillusion.

Elle est autre.

On ne l'explore pas parce qu'on n'en revient pas.

Le seul voyage qui vaille est un voyagesans retour.Ainsi s'achève, aux portes de la mort, l'itinéraire de Baudelaire.

Il l'a conduit de l'espérance platonicienne à la luciditépascalienne.

Sans aller jusqu'au christianisme, Baudelaire s'est détaché de la chair pour s'acheminer, au traversd'une ascèse tourmentée, vers la spiritualité la plus haute et la plus étrange.Il convient maintenant de tenter d'approcher le secret de la poésiebaudelairienne.

Pour cela, nous allons étudier un des poèmes les plus célèbres des Fleurs du mal : « Spleen ». SPLEEN Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercleSur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,Et que de l'horizon embrassant tout le cercleIl nous verse un jour noir plus triste que les nuits;Quand la terre est changée en un cachot humide,Où l'Espérance, comme une chauve-souris,S'en va en battant les murs de son aile timideEt se cognant la tête à des plafonds pourris;Quand la pluie étalant ses immenses traînéesD'une vaste prison imite les barreaux,Et qu'un peuple muet d'infâmes araignéesVient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,Des cloches tout à coup sautent avec furieEt lancent vers le ciel un affreux hurlement,Ainsi que des esprits errants et sans patrieQui se mettent à geindre opiniâtrement.– Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,. »

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