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ANALYSE DE L' "INTRODUCTION A L'ÉTUDE DE LA MÉDECINE EXPÉRIMENTALE" DE CLAUDE BERNARD. ?

Publié le 04/06/2009

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claude bernard
L'Introduction à l'étude de la médecine expérimentale parut en 1865. Claude Bernard la composa pendant les temps de repos et de solitude que le rétablissement de sa santé lui imposa à cette époque. Ce livre fit l'admiration des esprits cultivés qui y retrouvèrent avec bonheur, réduites en formules, ordonnées avec art et éclairées par des exemples, les règles de la méthode expérimentale qui avaient déjà fait faire à Claude Bernard tant de découvertes intéressantes. Il lui valut l'entrée de l'Académie française, et, en le recevant, M. Patin put lui dire : « Vous avez créé un style. « L'Introduction à l'étude de la médecine expérimentale comprend trois parties : 1° du raisonnement expérimental; 2° de l'expérimentation chez les êtres vivants; 3° applications de la méthode expérimentale à l'étude des phénomènes de la vie. Nous analyserons la première partie. Une introduction précède cette première partie. Claude Bernard y établit que la médecine doit comprendre l'étude de la physiologie, de la pathologie et de la thérapeutique. Ces trois sciences doivent marcher de front, mais la base de la médecine est dans la physiologie. La médecine scientifique ne peut se constituer que par voie expérimentale. Les sciences qui ont pour objet les êtres vivants ne diffèrent de celles qui étudient les corps bruts que par la variété et la complexité des phénomènes ; mais il faut toujours étudier les faits et raisonner. Le présent ouvrage a pour but surtout de faire pénétrer dans les sciences médicales les principes bien connus de la méthode expérimentale.

claude bernard

« suite.

» Il n'est pas toujours facile d'analyser ainsi ces opérations, mais elles existent toujours, et elles existenttoujours ensemble; pratiquement on ne peut pas séparer l'observateur de l'expérimentateur, parce qu'à l'observationcomme à l'expérience, il faut l'idée. CHAPITRE II.

— De l'idée à priori et du doute dans le raisonnement expérimental. Chaque homme a une tendance à juger par avance ce qu'il voit, l'esprit commence toujours par une idée à priori.

Leraisonnement expérimental a pour but de faire de cette idée préconçue une interprétation à posteriori, en lasoumettant au contrôle de l'expérience.

Le sentiment engendre l'idée, la raison la développe et l'expérience lacontrôle. § I.

— Les seules vérités susceptibles d'être soumises à cette méthode expérimentale sont des vérités objectives ouextérieures.

Ces vérités sont relatives au nombre d'expériences et d'observations qui ont été faites, en cela ellesdiffèrent de celles qui nous sont fournies par la conscience. § Il.

— Une idée anticipée ou une hypothèse est le point de départ nécessaire de tout raisonnement expérimental.Cette idée n'est point innée, elle ne vient qu'à la suite d'une observation.

Elle doit être fondée sur une observationantérieure, elle doit être aussi probable que possible et vérifiable expérimentalement.

On ne peut pas assigner derègles pour faire naître l'idée; l'idée vient d'une manière personnelle de sentir les choses et varie avec l'état del'esprit.

Une découverte n'est que la manifestation d'une idée neuve et féconde qui surgit à propos d'un fait trouvépar hasard ou autrement.

Aussi n'y a-t-il pas de règles pour faire les découvertes; mais une bonne méthode peutfavoriser le génie de l'invention. § III.

— L'expérimentateur doit toujours garder une entière liberté d'esprit, assise sur le doute; car les vérités qu'ildécouvre sont partielles et provisoires; elles n'ont pas la nécessité des vérités mathématiques.

« Il ne faut croire ànos observations, à nos théories, que sous bénéfice d'inventaire expérimental.

» Il faut se garder des idées fixes etaccepter les résultats de l'expérience tels qu'ils se présentent, avec tout leur imprévu et leurs accidents. § IV.

— La méthode expérimentale doit être indépendante, indépendante de toute idée formée à l'avance, commedes idées des autres.

Le respect mal entendu de l'autorité personnelle constituerait un véritable obstacle auxprogrès de la science.

Dans les sciences expérimentales, les grands hommes ne donnent pas de vérités absolues etimmuables, ils aident et guident la marche de la science, et la portent en avant. § V.

— Les philosophes admettent deux raisonnements : le raisonnement déductif et le raisonnement inductif.

Enpratique il est bien difficile de séparer la déduction de l'induction.

Il n'est pas exact de dire que la déductionn'appartient qu'aux sciences mathématiques.

« Les deux formes appartiennent à toutes les sciences possibles,parce que dans toutes les sciences il y a des choses qu'on rie sait pas et d'autres qu'on sait ou qu'on croit savoir.

»Quand on étudie des sujets qu'on ne connaît pas on induit, et en ce sens les mathématiciens font des inductionspour arriver aux principes dont ils tirent ensuite les conclusions.

L'esprit, en quelque science que ce soit, procèdetoujours instinctivement d'un principe qu'il a acquis ou qu'il invente par hypothèse, et ainsi il va toujours du généralau particulier.

Nous déduisons toujours par hypothèse, jusqu'à vérification expérimentale, même dans les sciencesnaturelles.

Seulement le raisonnement de l'expérimentateur est dubitatif, celui du mathématicien est affirmatif. § VI.

— La règle unique et fondamentale de l'investigation scientifique se réduit au doute, parce que le point dedépart n'est jamais immuable.

Le savant systématique ne doute point de son point de départ, le vrai savant doutetoujours et ne croit posséder la certitude absolue sur rien.

Le vrai docteur ne doute que de lui, mais il croit à lascience. § VII.

--- Son doute porte sur la justesse de ses sentiments ou de ses idées, ou sur la valeur de ses moyensd'investigation, mais jamais sur le principe même de la science, le déterminisme des faits.

Ce déterminisme est lecritérium du raisonnement expérimental; c'est une vérité nécessaire et immuable que tout phénomène est lié à unecause déterminée. § VIII.

— Mais pour conclure avec certitude qu'une condition donnée est la cause prochaine d'un phénomène, il nesuffit pas d'avoir prouvé que cette condition précède ou accompagne le phénomène, il faut établir que, si lacondition est supprimée, le phénomène ne se produira pas.

Il faut faire la contre-épreuve, nécessaire à la preuve.C'est la manifestation par excellence du doute scientifique, et la vraie manière d'arriver à la science. APPRÉCIATION L'Introduction à l'étude de la médecine expérimentale devait être une courte préface à un traité de physiologie.Claude Bernard l'agrandit par des additions successives et lui donna enfin l'importance d'un livre.

C'est dans ce faitsans doute qu'il faut chercher l'explication d'un certain désordre qui impressionne mal le lecteur.

La pensée estsuivie, mais il semble y avoir des longueurs, des répétitions qui jettent dans quelques parties de l'ouvrage un peu dedécousu.Ce livre n'en reste pas moins un des principaux livres de philosophie scientifique de notre temps.

Personne n'a mieuxdécrit que Claude Bernard le travail de l'investigation scientifique.

Il a surtout admirablement mis en lumière le rôlede l'idée dans la science.

La science ne consiste pas à classer des faits, mais à les élucider en les résolvant enidées.

u Sans idée, dit-il, on ne saurait faire aucune investigation ni s'instruire, on ne pourrait qu'entasser des. »

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