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Ambroise Paré

Publié le 22/02/2012

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C'est probablement chez un barbier d'Angers ou de Vitré que le jeune Ambroise commence un apprentissage de la médecine qu'il complétera à Paris chez un barbier-chirurgien. Après trois ans passés à l'Hôtel-Dieu en qualité d'aide, il est reçu maître barbier-chirurgien, vers 1536, et entre aussitôt dans l'armée, au service du maréchal Montejean en qualité de chirurgien. Trois ans plus tard, il est de retour à Paris, mais lorsque la guerre reprend en 1562, il se met au service du vicomte de Rohan. C'est Vendôme qui le recommande au roi Henri II qui en fait l'un de ses chirurgiens ordinaires. Parce qu'il est parvenu à soigner un ulcère à la jambe du gouverneur de Gravelines, dont il est prisonnier depuis la bataille de Hesdin, ce dernier lui rend la liberté. Paré tente tout pour sauver Henri II, blessé lors d'un tournoi. En dépit de la mort du roi, François II, Charles IX et Henri III le gardent à leur service. En effet, il a mis au point d'une manière nouvelle la ligature des artères nécessaire lors des amputations ; il a trouvé les solutions à de multiples soucis que posent l'anatomie ou la thérapeutique et ses ouvrages ­ de Méthode de traiter les plaies faites par les arquebuses et autres bâtons à feu, publié en 1545, aux Cinq livres de chirurgie de 1571 ­ sont devenus des références essentielles. Jamais élan moins retardé, vocation plus certaine ! Le garçon-barbier de quatorze ans qui, dans la boutique assez sordide de son village et de Laval, devait "faire le poil et passer au fer", ne visait surtout qu'à y soigner ulcères et anthrax. Devant les premières blessures observées autour de lui dans l'adolescence, une peine secrète l'avait averti, comme un signal aigu, de sa compassion, et qu'elle l'emportait sur l'émotivité.

« Recommandé un jour par Isabelle d'Albret au roi de Navarre, Ambroise Paré devint successivement, sans laideur deservilité, chirurgien ordinaire, puis premier chirurgien de quatre rois.

Mais la faveur des capitaines et des monarquesne le consolait pas, au cours des années, de n'être, en regard des chirurgiens-jurés, qu'un barbier, et de n'avoirpour écusson d'enseigne ou de bannière que les trois plats de l'artisan, au lieu des trois boîtes à onguent du clerc.Presque au plus haut de sa notoriété, Ambroise Paré s'astreignit, avec modestie, à quelques rudiments de latin et,malgré "des réponses faibles et un langage corrompu", devint à l'examen, aux yeux des juges avertis heureusementde ses autres mérites, moins indigne du Collège des chirurgiens. Ses prouesses et ses publications sur l'anatomie humaine, sur la réduction et la contention des fractures, lesaccouchements difficiles, les lésions du crâne, la peste, la petite vérole, les instruments nécessaires à la chirurgie,élargirent sensiblement une audience, confiante ici, envieuse et coléreuse là.

Il donna ensuite, en 1575, chez Buon :Les Oeuvres de M.

Ambroise Paré, conseiller et premier chirurgien du Roy, avec les figures et portraits tant del'anatomie que des instruments de chirurgie et de plusieurs monstres. Cette fois, il fallait bien reconnaître l'importance de l'ouvrage.

Il révélait une expérience si étendue, une liberté dejugement si virile, une clairvoyance si souvent supérieure, qu'on devait considérer Paré comme l'un des grandspromoteurs de la langue française dans les sciences et le chirurgien le plus instruit et le plus actif du XVIe siècle. Lui-même ne méconnut pas, sur ce point, les mérites précurseurs de J.

Canappe.

Mais la vaste contribution écrited'Ambroise Paré n'était pas celle d'un simple vulgarisateur, capable surtout de "rhapsodier les opérations des autres".Dégager le cerveau d'une embarrure, aller à la recherche d'un corps étranger articulaire, inciser, extirper ce que nuln'avait osé toucher, imaginer vingt instruments ingénieux, n'étaient que quelques-unes de ses contributionsoriginales. On pouvait voir, dans son énorme ouvrage un peu pansu, l'intrépidité du critique s'associer à celle de l'opérateur et,ce qui n'est pas moins rare, l'étincelle d'intuition, la subtilité investigatrice se joindre à l'acquis, théorique etpratique, d'un énorme labeur.

Des faits neufs et frappants, des idées fécondes, des anticipations pénétrantes,faisaient pardonner à l'auteur de s'exercer complaisamment aux développements et aux préceptes.

Certes, il eutquelquefois plus de zèle que de bonheur dans sa recherche des aphorismes et bien des pages se trouvaientalourdies par la pesée dogmatique, l'imperturbabilité, la vanité de priorité, chères à sa tardive instruction.

Mais quede vives descriptions et de belles formules ! De temps en temps, un tableau d'historien ou un récit magistral. Sa prolixité n'impliquait pas un tempérament de bibliothèque, un échauffement livresque.

Il était autant capabled'opiniâtreté d'action pour tenter de sauver les blessés les plus menacés que de la lente préparation d'une Oeuvrecompacte pour convaincre que le meilleur livre d'un futur opérateur, c'est encore le corps humain.

Ses emprunts auxécrits des autres n'étaient ni rares ni toujours scrupuleusement indiqués ; mais, dans ce temps, le plagiat nedéshonorait pas et tels grands écrivains s'y montraient plus experts et aussi désinvoltes que lui.

Allumer sachandelle à celle d'un autre ne lui pouvait paraître un crime ; par contre, se parer d'inventions non personnelles et"moissonner aux champs des autres" lui eussent semblé d'un faussaire.

Il l'affirmait avec une probité qui oubliait sesdistractions. Ses propres remèdes étaient de toutes sortes.

Il maniait le bistouri, imaginait des instruments nouveaux, mais sepiquait aussi de médecine, d'hygiène, de pharmacopée, de cuisine et de mille autres recettes.

La gaieté, ajoutait-il,convient aussi bien au patient qu'à son médecin.

"Face miteuse est en même temps calamiteuse." Au vicomted'Havré, convalescent dolent, il recommandait "d'avoir des violes et des violons et quelque farceur pour le réjouir" oude s'en aller parfois, non loin du château, regarder pêle-mêle "les mâles et les filles du village danser et chanter àtire-larigot". Il lui arrivait de se targuer un peu, parmi des confrères, et d'arbitrer leurs controverses avec une réprobation tropsarcastique ; mais ce ton ne durait guère et la générosité le sauvait de cet engoncement.

Après quelques phrasesorgueilleuses, venaient vite les discrètes et conciliantes recommandations.

Dirigé par le roi vers le marquis d'Auret,qui avait eu la cuisse fracturée par un boulet, Ambroise Paré, dans les trois rôles de chirurgien, de grand consultantet de praticien, se montra avec une si sincère diversité que l'anecdote est de saveur durable. Les mots : "Je le pansai, Dieu le guérit" ont valu, à celui qui les écrivit, une parure de modestie, une auréoled'humilité, contre quoi sans doute rien ne prévaudra jamais.

Il serait pourtant facile de recueillir vingt curieusesexclamations de son orgueil et autant d'appropriations astucieuses ou d'outrances fanfaronnes.

Mais la légende araison.

Les sommations intimes d'Ambroise Paré étaient celles de la pitié, du dévouement, de l'inquiétude ; sonassurance n'était parfois affichée, devant le malade, que pour se substituer à un contentement difficile ouimpossible.

En médecine, la simplicité est surtout familière à qui sait et à qui réussit.

Elle se refusait à ceuxd'autrefois, qui ignoraient beaucoup et échouaient souvent.

Par contre, le charabia leur fournissait une posture etune armure. Ce grand représentant du XVIe siècle n'avait pas dépouillé toutes les crédulités, les superstitions des sièclesprécédents.

Leur survivance, en cet esprit nourri tard, brouillait un peu ses apophtegmes.

Voir confusément enmédecine n'a jamais favorisé un langage lapidaire.

Par contre, la certitude sait se passer d'éloquence et de redites.A côté de phrases brèves, pleines, décochant alertement la vérité, il y avait, dans le livre du chirurgien des rois, laprolixité de l'incertitude et tous les déguisements conjecturaux ou expédients.

Le même auteur, qui célébrait lesprérogatives incomparables du vrai, croyait aux démons et aux sorciers.

En revanche, les imposteurs, qui se disaient. »

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