Abbaye de Saint-Denis, Paris

L'abbaye de Saint-Denis, considérée comme le premier monument du premier art gothique, est érigée par la volonté de Suger, régent du trône de France et abbé de 1122 à 1151. Désirant rénover l'ancien édifice carolingien, Suger l'agrandit vers l'ouest et vers l'est. En 1140, la nouvelle façade et l'avant-nef qui la reliait à la nef carolingienne sont consacrées ; en 1144, c'est au tour du chevet. C'est ce dernier qui présente les innovations les plus significatives par rapport à la tradition précédente : le plan prévoit un double déambulatoire, amplifié vers l'extérieur par sept chapelles rayonnantes et à peine saillantes, séparées les unes des autres par des contreforts extérieurs. Cette disposition obéit à la volonté d'augmenter la luminosité de l'intérieur, conçue par Suger comme une métaphore de la lumière divine, grâce notamment à l'utilisation de vitraux colorés. A partir de 1231, l'architecte Pierre de Montreuil dirige les travaux de remaniement partiel du bâtiment, qui intéressent la nef, le transept et la partie supérieure du chevet, en ne conservant que le premier niveau de l'église de Suger. C'est à Saint-Denis qu'apparaît pour la première fois le système organisé du portail gothique comprenant des statues-colonnes dans les piédroits, un trumeau et un tympan.