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A quelles conditions y a-t-il parole et donc langage ?

Publié le 27/02/2008

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S'il ne suffit pas, pour qu'il y ait parole et langage, qu'on constate l'existence d'une langue et de communication, cela signifie que ce qui importe, ce n'est donc ni cette langue, ni même la communication, mais bien plutôt ce qui est ici négligé : l'expression, c'est-à-dire l'usage dans un but expressif qui est fait de la langue par celui qui la parle. La parole se détecterait à la manière avec laquelle on s'en sert. Or, de ce point de vue, il apparaît que nous avons jusqu'ici tenu pour indifférent de dire "exprimer" ou "s'exprimer", alors que ces deux verbes n'ont pas le même sens ici : c'est un signe qui exprime quelque chose, c'est un être qui s'exprime, comme l'indique la forme réfléchie du verbe. Or, le langage comme faculté est faculté de s'exprimer et de communiquer, tandis que le langage comme langue est système de signes qui expriment quelque chose en vue de le communiquer.
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« Tout cela pour dire qu'il n'y a parole et donc langage que là où au lieu d'un signe qui exprime quelque chose,c'est quelqu'un qui s'exprime au sujet de quelque chose.

Qu'est-ce que cela change de le savoir ? Qu'est-cequi caractérise un quelqu'un qui parle par opposition à un quelque chose qui ne parle pas mais qui simplementexprime quelque chose, puisque nous qui parlons nous pouvons aussi n'être que dans l'exprimer et non pas entrain de nous exprimer ? A quelles conditions peut-on dire que l'expression de quelque chose est de l'ordre de l'expression par quelqu'unde quelque chose ? Que faut-il pour s'exprimer ? A quelles conditions s'exprime-t-on ? A quelles conditionspeut-on dire qu'un être exprime intentionnellement quelque chose, le fait de manière volontaire, délibérée et maîtrisée et non pas passive, réactive, non intentionnelle ? Qu'est-ce que l'expression volontaire requiert sinon la conscience et la pensée ? 2 ) La pensée comme condition du langage. C'est la pensée, la conscience qui est la condition sans laquelle il ne serait pas possible de s'exprimer.

Elle estpar conséquent le condition sans laquelle ni la parole, ni le langage ne seraient possible.

Il y a donc solidaritéentre conscience ou pensée et langage.

Telle est la thèse que Descartes soutient dans une lettre au Maquis de Newcastle du 23 novembre 1646.

" Enfin, il n'y a aucune de nos actions extérieures, qui puissent assurer ceux qui les examinent, que notre corpsn'est pas seulement une machine qui se remue de soi-même, mais qu'il y a aussi en lui une âme qui a despensées, exceptées les paroles, ou autres signes, faits à propos de ce qui se présentent, sans se rapporter àaucune passion.

Je dis les paroles ou autres signes, parce que les muets se servent de signes en même façonque nous de la voix ; et que ces signes soient à propos, pour exclure le parler des perroquets sans exclurecelui des fous, qui ne laisse pas d'être à propos des sujets qui se présentent, bien qu'il ne suive pas la raison ;et j'ajoute que ces paroles ou signes ne se doivent rapporter à aucune passion, pour exclure non seulement lescris de joie ou de tristesse, et semblables, mais aussi tout ce qui peut être enseigné par artifice aux animaux ;car si on apprend à une pie à dire bonjour à sa maîtresse, lorsqu'elle la voit arriver, ce ne peut être qu'enfaisant que la prolation de cette parole devienne le mouvement de quelqu'une de ses passions ; à savoir, cesera un mouvement de l'espérance qu'elle a de manger, si l'on a toujours accoutumé de lui donner quelquefriandise, lorsqu'elle l'a dit ; et ainsi toutes les choses qu'on fait faire aux chiens, chevaux et aux singes nesont que des mouvements de leur crainte, de leur espérance, ou de leur joie, en sorte qu'ils les peuvent fairesans pensée.

Or, il est, ce me semble, fort remarquable que la parole étant ainsi définie, ne convient qu'àl'homme seul.

Car bien que Montaigne et Charron aient dit qu'il y a plus de différence d'homme à homme, qued'homme à bête, il ne s'est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite qu'elle ait usé de quelque signe,pour faire entendre à d'autres animaux quelque chose qui n'eût point de rapport à ses passions, et il n'y a pointd'homme si imparfait qu'il n'en use ; en sorte que ceux qui sont sourds et muets, inventent des signesparticuliers, par lesquels ils expriment leurs pensées.

Ce qui me semble un très fort argument, pour prouver quece qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, est qu'elles n'ont pas de pensées, et non point que lesorganes leur manquent.

Et on ne peut pas dire qu'elles parlent entre elles, mais que nous ne les entendons pas; car, comme les chiens et quelques autres animaux nous expriment leurs passions, ils nous exprimeraient aussibien leurs pensées, s'ils en avaient. " Descartes .

Commentaire du texte .

1- Son point de départ est comme l'inverse du nôtre : il ne se demande pas à quelles conditions la parole estpossible, mais à quoi tient la certitude selon laquelle les autres ne sont pas que des corps, des machines, maisqu'ils pensent.

Or, rien en dehors de la parole ne pourrait nous permettre de savoir de manière certaine que les autres ont uneâme parce que les paroles expriment des pensées ou idées qui se trouvent en elle, qui ne peuvent êtreconçues et partant exprimées que par elle.

Mais, pour éviter toute confusion, Descartes précise d'une part que la parole peut être remplacée par dessignes et d'autre part qu'il faut ajouter à la présence de la parole deux conditions : qu'elle soit à propos etqu'elle ne soit pas l'effet des passions.

La suite du texte consiste d'abord en une explicitation de cette substitution et de ces deux conditions.

- Si on peut remplacer la parole par des signes, c'est pour ne pas oublier les muets qui utilisent le langage dessignes précisément.

On comprend que par parole, Descartes n'entend que la phonétisation et non pasl'expression de quelque chose à quelqu'un comme tel.

On ne peut en effet pas déduire à l'absence de pensée. »

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