Devoir de Philosophie

A quelle(s) condition(s) peut-on parler d'une connaissance technique ?

Publié le 04/12/2009

Extrait du document

technique

Incipit : La connaissance est un fait de la rationnalité de l’homme. En tant que fait, la connaissance est le propre de l’homme (sauf à supposer à d’autres êtres que lui la compétence rationnelle). Depuis la fondation parménidéenne de la philosophie antique archaïque, l’ordre de la connaissance a été scindée en deux domaines principaux, à savoir le théorique abstrait de la vérité immatérielle et la pratique concrète du monde réel. Mais une telle dichotomie n’est pas sans poser de problème, car souvent, théorique et pratique sont intimement liés. Et tel est précisément le cas de la connaissance technique. Aussi, disposer d’un critère d’identification de la connaissance technique doit permettre, outre d’y reconnaître la marque propre de l’humain (toute connaissance est le fait de l’homme), de donner place à ce type de connaissance dans le hiérarchie des savoirs.

technique

« Introduction : On parle généralement de la technique comme d'un savoir-faire , c'est-à-dire qu'elle allie à la fois connaissance et activité.

En tant qu'activité, la technique est un moyen d'améliorer une activité productive, et se traduit par un outil, une méthode ou un gestespécifique à cette activité et à la production visée.

La technique semble donc s'ancrer avant tout dans l'expérience.

Pourtant, toutetechnique suppose des connaissances bien déterminées.

Y a-t-il alors un savoir propre à la technique ? A quelle(s) condition(s) peut-onparler d'une connaissance technique ? 1ère partie : Une connaissance technique n'est pas naturelle ; elle suppose un artifice. - Le lien essentiel qui unit la technique au savoir est clairement souligné dans la mythologie grecque qui attribue le pouvoir techniquedes hommes à leur initiation au « secret du feu » par le titan Prométhée.

Dans ce mythe fondateur, Prométhée est chargé à la créationdu monde de répartir les dons naturels fait à chaque espèce, mais il oublie de pourvoir les hommes, qui ne reçoivent donc rien de lanature.

Alors que les animaux ont tous une particularité qui leur donne leur puissance singulière (les griffes pour les ours, les ailes pourles oiseaux…) l'homme n'a que sa détermination propre à agir.

Prométhée décide alors d'aller voler le feu aux Enfers.

Il s'accaparedonc non pas un attribut propre, mais un instrument, qui symbolise l'homme en tant qu'artisan, c'est-à-dire en tant que technicien.L'homme possède donc non pas un attribut naturel, mais une technique dont il peut se servir pour fabriquer.- La connaissance technique signifie alors que l'on possède d'autres moyens que nos dispositions naturelles pour produire, fabriquer,transformer le monde qui nous entoure afin de développer et d'améliorer ses conditions d'existence.

Il y a donc connaissancetechnique à condition qu'il y ait artifice, c'est-à-dire une extériorité non-naturelle à l'homme qui lui permet de produire.

2ème partie : La connaissance technique vient de l'expérience. - La connaissance technique est une connaissance pratique, de terrain.

C'est en pratiquant que l'artisan acquiert la connaissance desmatériaux qu'il utilise, des gestes les plus adaptés et les plus efficaces, des outils pouvant suppléer à sa force propre.

Il y a doncconnaissance technique à condition qu'il y ait expérience.- La connaissance technique s'acquiert alors par l'apprentissage.

Aristote, dans Métaphysique (A, 1), appelle cela « connaissance de l'individuel ».

Elle consiste en un discernement exact des matériaux et des outils à utiliser en chaque circonstance, ainsi que de lamanière de faire dans chaque cas précis.

Ex : le charpentier qui reconnaît au toucher le bois le plus solide pour exécuter sa charpente.- Pour Gilbert Simondon, la connaissance technique relève d'une sorte d'intuition.

La connaissance technique a une nature irréfléchie,selon lui, car elle se rapporte à une impression, et s'acquiert par « l'imprégnation » et l'habitude.

Il explique dans Du mode d'existence des objets techniques que le technicien ne saurait se représenter les « schèmes » de ces connaissances, mais que ces dernières consistent plutôt en un « tour de main possédé presque d'instinct ».

La connaissance technique se situe alors « au niveau desreprésentations sensorielles et qualitatives ».

Ce sont des connaissances « opératoire plus qu'intellectuelles », « une capacité plusqu'un savoir ».

La connaissance technique est une connaissance qu'on ne saurait donc expliquer véritablement, elle est de l'ordre duressenti.3ème partie : Mais la connaissance technique n'est maîtrisée que si elle est aussi théorique. - La technique pour Aristote relève non seulement d'une connaissance de l'individuel (= le particulier) mais aussi d'une connaissancede l' universel et celle ( Métaphysique A, 1).

En effet, il y a des règles pratiques générales valables pour la totalité des cas pratiques, qui sont donc universelles.

Ces règles expriment bien un savoir car elles reposent sur l'intelligence des causes qui déterminent, à chaquefois que certaines conditions sont réunies, les effets exploités par le technicien.

Les règles universelles permettent à une techniqued'être efficace, c'est-à-dire d'être capable de produire toujours les effets attendus.- Pour Aristote, une connaissance ne peut être dite telle que si on est en mesure de l'enseigner, c'est-à-dire de l'expliquer.

Ainsi, selonlui, il faut connaître non seulement la cause mais aussi le pourquoi .

Il signifie par là qu'il ne suffit pas d'avoir l'expérience, c'est-à-dire la connaissance pratique, mais qu'il faut aussi avoir une connaissance théorique.

Ainsi, s'il arrive un problème technique, celui qui aune connaissance théorique saura mieux y remédier car il sait d'où elle vient, tandis que celui qui connaît juste la technique sansconnaître sa conception en sera incapable.

Sous cet angle, une connaissance technique n'est pas seulement une habitude de faire, c'estaussi une compréhension de ce que l'on fait.

Autrement la connaissance n'est pas réelle, car il s'agit seulement pour Aristoted'automatismes.

Il écrit ainsi « les manœuvres sont semblables à ces choses inanimées qui agissent, mais sans savoir ce qu'ellesfont ».- Dans la langue française, le terme « technologie » désigne l'ensemble des connaissances rationnelles propres à chaque technique.

Ily a donc une théorisation indispensable de la technique, que l'on peut nommer « connaissance technique ».

Conclusion : Une connaissance est dite « technique » à condition qu'elle relève d'un artifice humain, c'est-à-dire qu'elle soit liée à une invention del'homme, donc une connaissance non naturelle.

En pratique, une connaissance technique s'avère être une connaissance de terrain,acquise par l'expérience, et dans une situation particulière.

Cependant, une technique n'est véritablement une connaissance que si l'onen maîtrise aussi la théorie, c'est-à-dire si l'on peut l'expliquer comme le ferait son inventeur, pour ne pas en rester à la seuleapplication mécanique de la technique sans compréhension générale.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles